Monday, November 15, 2010

L'AIDE HUMANITAIRE A-T-ELLE BESOIN D'UNE ETHIQUE?

Dans la capitale d’un pays africain parmi les plus pauvres au monde, M. Paul, un ressortissant européen se présente dans une résidence des prêtres pour demander des prières spéciales pour lui. Le représentant de la résidence lui pose la question sur le contenu de sa demande. M. Paul se lamente qu’il est menacée d’être rappelée dans son pays d’origine parce quen, la situation étant soudainement améliorée, le camp de refugiés qu’il servait allait être fermé.
Etonné, le prêtre lui pose la question de savoir quel était donc le problème. Tout triste, M. Paul répondit qu’en repartant en Europe, il allait perdre tous ses avantages matériels (salaire important, voyages gratuits, scolarités des enfants, villa avec piscine, cuisinier, jardinier, etc.) M. Paul était donc plus préoccupé par ses intérêts personnels que par le bien-être des refugiés qu’il prétendait servir.

La situation de M. Paul est symptomatique de ce qui se passe trop souvent avec l’aide humanitaire, l’intervention humanitaire et le travail de certaines organisations non-gouvernementales. Il y a parfois amalgame. Il est parfois difficile de savoir qui aide qui. Sont-ce les pauvres qui aident les ONG ou ce sont plutôt des ONG qui aident les pauvres ? La réponse à cette question n'est pas toujours évidente.

Dans son encyclique Caritas in Veritate, le Pape Benoît XVI se plaint de cette situation : « Il arrive parfois que celui à qui sont destinées des aides devienne utile à celui qui l’aide et que les pauvres servent de prétexte pour faire subsister des organisations bureaucratiques coûteuses qui réservent à leur propre subsistance des pourcentages trop élevés des ressources qui devraient au contraire être destinées au développement » .

L’aide humanitaire a donc besoin d’une éthique. Caritas in Veritate donne aussi quelques grandes lignes de cette éthique sous forme de souhait : « il serait souhaitable que tous les organismes internationaux et les Organisations non gouvernementales s’engagent à œuvrer dans la pleine transparence, informant leurs donateurs et l’opinion publique du pourcentage des fonds reçus destiné aux programmes de coopération, du véritable contenu de ces programmes, et enfin de la répartition des dépenses de l’institution elle-même ».

Cette éthique aura pour tâche de faire retrouver à l’aide humanitaire son caractère philanthropique trop souvent évincé par des intérêts privés, la bureaucratie, la publicité, les effets d’annonces, etc.

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