Thursday, May 17, 2007

PAUVRETE ET PAIX AU CONGO-BRAZZAVILLE

Congo-Brazzaville:
Entre la pauvreté et le défi de la paix.

Par M. Ndomba Ngoma

En mettant fin aux conflits armés, les accords de paix signés le 17 mars 2003 entre la rébellion Ninja du Pasteur Ntumi et le gouvernement du Congo, ont marqué un tournant décisif et suscité des grands espoirs sur la pacification du Congo. Cependant, la paix ne se résume pas à l’absence de guerre. Il est évident qu’une personne victime d'injustice n’est pas en paix. La paix se réfère au bien-être individuel et social. Non seulement la majorité des congolais sont loin d’un tel bien-être, mais aussi le Congo est toujours porteur des problèmes qui ont été à la base de ses guerres à répétition. Outre les problèmes relatifs aux clivages régionaux et à la gestion clanique et oligarchique du pouvoir, la pauvreté galopante au Congo représente une menace importante à ce processus de paix.

Dans les économies modernes, l’emploi reste la voie de sortie de la pauvreté. Mais la situation exsangue de l’activité économique au Congo et l’absence d’infrastructures pouvant créer des opportunités d’emplois laissent la plupart des jeunes congolais (diplômés ou non) dans la pauvreté, voire la misère. Pendant des décennies, l’Etat Congolais a pratiquement été le seul pourvoyeur de contrats de travail. Aujourd’hui la plupart des jeunes échappent aux mécanismes de recrutement dans la fonction publique et aux entreprises de l’Etat, mécanismes basés généralement sur l’ethnie, la région ou la famille. Par ailleurs les exigences des institutions financières internationales (Banque mondiale et Fonds monétaire international) de stabiliser la masse salariale de la fonction publique et même de la réduire, obligent le gouvernement Congolais a laisser des centaines de milliers des jeunes dans le désœuvrement total. Le désœuvrement des jeunes a été un facteur très important dans les guerres que le Congo a connues. Sans emplois et sans ressources, rejoindre les différentes milices était une option de survie pour la plupart d’entre eux. Le fait que nombreux parmi ces jeunes désœuvrés sont des anciens miliciens sortis des maquis et que par ailleurs beaucoup d’armes de guerre traînent encore dans les campagnes, ne garantit pas le processus de paix et la situation sécuritaire du Congo. Déjà l’on remarque la recrudescence de l’insécurité et des braquages dans les grandes villes.

Malgré les 13 millions de tonnes de pétrole que le Congo produit chaque année pour une population de 3 millions d’habitants, 70% des congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le petit groupe de congolais qui n’est pas touché par la pauvreté est majoritairement composé de personnes appartenant au clan presidentiel. Au Congo les riches ne sont pas généralement les gens qui ont travaillé durement et assidûment pour gagner leur pain, mais plutôt, en grande partie, des personnes qui sont familialement ou politiquement proches du président.
La proportion des pauvres dans la population Congolaise (70%) est si éloquente qu’elle soulève des questions relatives à la justice dans la répartition du revenu national. C’est à cause de telles questions que les évêques du Congo se sont interrogés sur l’équité dans la gestion des ressources pétrolières et ont affirmé la nécessité de la justice sociale comme préalable à la paix. Selon eux, « Le développement et la paix ne seront jamais possibles avec la croissance des inégalités scandaleuses entre ceux qui ont et qui accumulent davantage et la masse de ceux qui n’ont rien[1]. » Au Congo en effet, cette masse de démunis s’accroît au jour le jour au profit d’une petite partie de la population qui s’enrichit sur les recettes de l’Etat, soit à travers des rémunérations exorbitantes sans comparaison avec le salaire moyen des congolais, soit à travers une gestion douteuse des biens publics. Pourtant une grille de rémunérations soucieuse d’une distribution équitable des revenus de l’Etat permettrait de dégager des ressources nécessaires pour des programmes de lutte contre la pauvreté. La réduction de la pauvreté au Congo est un impératif préalable à la paix. La réflexion sur le processus de paix doit à tout prix inclure l’intégration dans la vie socio-économique non seulement les ex-combattants des différentes factions armées, comme cela se fait maintenant, mais aussi de la grande majorité des jeunes.

La justice sociale, les programmes de lutte contre la pauvreté, l’éducation à la paix et à la cohésion sociale et les initiatives pour aider les populations à surmonter les traumatismes encourus pendant les différentes guerres devraient désormais être des préoccupations de la mission des Organisations non gouvernementales et des Eglises au Congo.

[1] Conférence Episcopale du Congo, Dialogue, Vérité et Justice: Chemins de Paix, Editions du Secrétariat Général de la Conférence Episcopale du Congo, Brazzaville, 2001, p. 10.

3 comments:

Anonymous said...

Bien dit. La reduction de la pauvrete est une condition sine qua non de la paix au Congo. Merci de votre reflexion tres percutante et tres appropriee a la situation actuelle du pays. Je reviendrai souvent lire vos reflexions.
Merci,
Dan.

bonieck said...

Très ravi non seulement de visiter ton site mais également de lire cet article.Je suis parfaitement d'accord de cette analyse car la paix fait corps avec la justice sociale.Or,cette justice est inexistante dans la société congolaise,cela est prouvée par les faits de banditisme comme braccages qui ne cessent à se produire.De plus,la question de l'intégration des jeunes dans la vie socio- économique est très critiquable au congo.La quasi-totalité des jeunes diplômés courent les rues alors que de l'autre côté, il y a une politique de réinsertion des ex-combattants.On s'interroge par ce fait s'il n'était pas possible que tous les jeunes deviennent des ex-combattants pour prétendre bénéficier cette intégration.

Anonymous said...

Bonjour à chacun des membres de cette assemblée ,

Pour commencer , donnez-moi l'opportunité de vous montrer ma gratitude pour toutes les formidables connaissances que j'ai découvertes sur cet agréable site.

Je ne suis pas sure d'être au bon endroit mais je n'en ai pas trouvé de meilleur.

Je proviens de Collingwood, États-Unis. J'ai 45 années et j'ai 2 agréables enfants qui sont tous âgés entre huit et 13 ans (1 est adopté). J'aime beaucoup les animaux et je tempte de leur donner les accessoires qui leur rendent la vie plus festive .

Je vous remercie d'avance pour toutes les très intéressantes délibérations qui viendront et je vous remercie de votre compréhension pour mon français moins que parfait: ma langue maternelle est l'arabe et je fais de mon mieux de m'enseigner mais c'est très difficile!

A +

Arthru